Le risque de l’exclusion : relégation ou revitalisation ?
L’histoire urbaine récente est riche d’enseignements. Partout en Europe, on observe que de nombreux projets de régénération aboutissent à des formes de gentrification. Vient alors la question centrale : qui bénéficie des transformations urbaines ?
À l’échelle toulousaine, les exemples abondent. La Cartoucherie, sur les bords de la Garonne, fut longtemps une friche industrielle. Son réaménagement, conçu comme un éco-quartier exemplaire, a attiré des classes moyennes supérieures, laissant en marge une partie des ménages populaires qui habitaient à proximité. Selon l’Observatoire toulousain de l’habitat (2022), le prix moyen des appartements neufs y a bondi de 22% en cinq ans, limitant l’accès à la propriété ou à la location pour des ménages à revenus modestes.
Cette dynamique n’est pas isolée. Dans les quartiers prioritaires soumis à une forte pression foncière, on constate régulièrement :
- Des hausses de loyers et de prix immobiliers
- La transformation des commerces de proximité, moins accessibles aux familles historiques des quartiers
- Une diminution du parc locatif social (dans certains projets, le taux de logements sociaux passe de 65% à 35% après régénération, Le Monde, 2022)
A contrario, des démarches intégratives existent, mais restent limitées par la difficulté de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux autour d’objectifs sociaux partagés.